La Librairie Greenwich est l’une des invités de la rencontre Notre rentrée littéraire organisée parLes Champs Libresle 12 novembre 2015 à 18 h 30, dans le cadre de son cycle « Un automne littéraire ».
Nous avons lu, nous avons aimé, avons fait des découvertes souvent hors des sentiers battus dans le foisonnement des romans de la rentrée littéraire. Nous confrontons nos opinions et vous donnons envie de faire à votre tour, la découverte de vos lectures préférées.
Avec Isabelle Apéré bibliothécaire aux Champs Libres, Philippe-Jean Catinchi critique littéraire au Monde, et Isabelle Tréhorel de la Librairie Greenwich à Rennes.
10, cours des Alliés Rennes. Café des Champs Libres.
Entrée libre dans la limite des places disponibles. Réservation conseillée au 02 23 40 66 00
Le 07 novembre 2015 à 15 h 30, Les Champs Libres, accompagnés par la Librairie Greenwich, vous invitent à rencontrer Hakan Günday, auteur du roman Encore qui lui vaut son tout nouveau prix Médicis du Roman Étranger.
Plongée au cœur d’un réseau de passeurs d’immigrés clandestins
Hakan Günday est l’enfant terrible de la nouvelle génération des écrivains turcs, son roman Encore (éd. Galaade, traduit du turc par Jean Descat), est un coup-de-poing, l’histoire d’un enfant monstre au cœur d’un réseau de trafic de clandestins. Rencontre sur un fait majeur et dramatique de notre actualité : « La différence entre l’Orient et l’Occident, c’est la Turquie. Cela voulait-il dire que notre pays est un vieux pont entre l’Orient aux pieds nus et l’Occident bien chaussé, sur lequel passe tout ce qui est illégal ? Tout cela me chiffonnait. Et en particulier ces gens que l’on appelle les clandestins. Nous faisions tout notre possible pour qu’ils ne nous restent pas en travers du gosier. Nous avalions notre salive et nous expédions tout ce contingent là où il voulait aller… Commerce d’une frontière à l’autre… D’un mur à l’autre », Hakan Günday.
10, cours des Alliés Rennes, salle de conférences
Entrée libre dans la limite des places disponibles. Réservation conseillée au 02 23 40 66 00
La Librairie Greenwich vous recommande Lettres pour le monde sauvage de Wallace Stegner
(Traduit de l’américain par Anatole Pons).
« J’entends que ma production reste aussi proche que possible de la terre et de l’expérience humaine. » Wallace Stegner dans son avant-propos au recueil de nouvelles Le goût sucré des pommes sauvages (éditions Points). Les textes publiés ici, rédigés sur plus de 40 ans, mêlent à parts égales souvenirs et réflexions et illustrent brillamment ce qui fut un credo littéraire : la nature et l’homme.
Le parfum d’un arbrisseau aux fleurs jaunes, la baie d’argent, suffit pour faire renaître la jeunesse entière de Stegner. Son enfance à Whitemud, « amas de cabanes » dans la Saskatchewan quasi sauvage des années 1910 (La quadrature du cercle), son adolescence à Salt Lake, Utah, l’université et les premiers succès littéraires (Une enfance de migrants).
En réalité, son père, « un risque-tout », contraignait sa famille à voyager d’états en états de l’ouest américain, faisant d’eux un petit groupe de déracinés. Wallace Stegner, « né sur la route », mais sédentaire dans l’âme, « qui n’apprend rien du mouvement », n’espérait pourtant que du temps pour entrer dans l’intimité d’un lieu, d’une communauté, pour y trouver sa place.
De cette enfance de nomade, il retiendra cependant un épisode significatif. Au cours d’un voyage dans les grandes plaines, il a 6 ans, il s’endormit sous un chariot avant de se réveiller en pleine nuit, perdu, paniqué, pour découvrir « … qu’un vent nocturne soufflait autour de moi. Il venait de lieux lointains, traversait un vaste espace dépeuplé, sous des millions d’étoiles brillantes. Et pourtant, sa caresse était douce, intime et rassurante, et ma panique s’évanouit sur le champ. Ce vent me connaissait. Je le connaissais. » Ce qu’il appela « un baptême dans l’espace, la nuit et le temps » (Les bienfaits du monde sauvage).
Ainsi, sans doute, devient-on un américain et un écrivain de l’Ouest. Et un de ses plus avisés, passionné et généreux défenseur. L’Ouest sauvage, qui a contribué à former le peuple américain et dont la conscience de l’existence, la simple idée, entretient « la santé spirituelle d’une nation » (Coda : Lettre pour le monde sauvage). Idée mystique pour les esprits pratiques, ou pour les cyniques aux dents longues, « comme tout ce qui ne peut être déplacé par un bulldozer ».
Curieusement, Wallace Stegner reste peu connu du grand public français. Tardivement traduit, chez Phébus en 1998, il représente pourtant à lui seul un pan entier de la littérature américaine, en tant qu’écrivain, mais aussi comme enseignant. Raymond Carver, Thomas McGuane, Edward Abbey, ou le merveilleux Ernst J. Gaines ont assisté à ses cours ; Jim Harrison ou Rick Bass aujourd’hui, le considèrent toujours comme un modèle indépassable.
Dans la lettre qui ouvre le livre, l’émouvante lettre à sa mère disparue (Lettre bien trop tard), Wallace Stegner ne démontre aucune compréhension sereine du monde à même d’être transmise. Tout au contraire, sa vie touchant à sa fin, il avoue une perplexité grandissante et « un besoin d’indulgence et d’amour inconditionnel ».
Humanité, clairvoyance, humilité, ces Lettres pour le monde sauvage, contiennent tout ce qui fait de Wallace Stegner un formidable écrivain.
Du 29 au 31 mai 2015, la Maison de la Poésie de Rennes, accompagnée par la Librairie Greenwich, vous propose son festival de poésie contemporaine les Polyphonies. Trois jours pour rencontrer et écouter des poètes du Japon, du Maroc, de Belgique, d’Angleterre et de France, dans le jardin de la Villa Beauséjour et sur la Péniche Spectacle amarrée en face.
29 mai
18 h 30. Ouverture des Polyphonies
19 h 30. Lecture-concert de Daniel Biga et Alex Grillo
Daniel Biga a connu cinquante métiers d’occasion et aventure. Poète, écrivain, peintre, il a publié l’un de ses recueils les plus représentatifs en 2002 chez L’Amourier : L’Afrique est en nous, un mélange de tons, de sons, de langues.
Alex Grillo, vibraphoniste et compositeur, se questionne sur la relation que tissent les sens et les sons. La musique qu’il a conçue pour L’Afrique est en nous, autour des mots et de la voix de Daniel Biga est une réponse possible
30 mai
15 h. Sophie G. Lucas « Poète énervée , Sophie G. Lucas est née en 1968 à Saint-Nazaire, ville ouvrière (ceci expliquant peut-être cela). Elle passe le plus clair de son temps à écrire (recueils, articles, notes de lectures, portraits de poètes, revues poétiques…), d’une écriture partagée entre une poésie intimiste et une poésie documentaire.
16 h. Antoine Wauters Né à Liège en 1981, Antoine Wauters est philosophe de formation. Il a publié trois récits chez Cheyne éditeur, chez qui il dirige une collection. Comme scénariste, il notamment signé Préjudice, un long métrage réalisé par Antoine Cuypers qui sortira en salle en 2015, et dont les rôles principaux sont tenus par Nathalie Baye et Éric Carvaca.
17 h. Ryoko Sekiguchi Auteure et traductrice, Ryoko Sekiguchi est née à Tokyo et vit à Paris. Publié notamment chez P.O.L. et Argol, elle mène un travail sur « l’écriture double » : écrire en deux langues, en prose et en poésie, sur la littérature et sur la cuisine… Elle multiplie ses activités de traiteur littéraire et d’auteure d’articles sur la culture culinaire au Japon.
18 h. Scène ouverte à tous vos poèmes
Venez lire : toutes les propositions sont les bienvenues.
19 h 30. Lectures croisées de Ian Monk et William Cliff
Belge francophone, William Cliff est un poète du désir et du manque, un nomade, un provocateur, qui se déploie dans une œuvre de quête de liberté. Il vient de recevoir le Prix Goncourt de la Poésie/Robert Sabatier pour l’ensemble de son œuvre.
Oulipien, Ian Monk est né près de Londres et déploie, lui, son talent dans la poésie-performance, mais aussi dans son groupe de rock The Outsiders. Il est aussi traducteur (George Perrec, Hugo Pratt, Daniel Pennac), et vit à Lille.
31 mai
15 h. Mathieu Brosseau Poète breton iconoclaste et parfois rageur, Mathieu Brosseau secoue les cadres de la langue pour faire l’expérience de langage et du réel. Une expérience en direct donnant le vertige afin que la poésie ne reste pas un chemin pour témoigner du passé, mais plutôt inscrire le présent.
16 h. Caroline Sagot-Duvauroux Née à Paris, Caroline Sagot-Duvauroux se consacre à l’écriture et à la peinture. Elle est aujourd’hui publiée par José Corti et, installée dans la Drôme, elle s’occupe d’un marché annuel des petits éditeurs de création. Sa poésie très dépouillée nous transmet les mots dans leur absolue nudité.
17 h. Mohammed El Amraoui Poète marocain, Mohammed El Amraoui prend la langue à bras-le-corps, la déploie au cours de sa longue marche d’écriture, et nous la restitue dans une performance envoûtante, déliant et libérant ce qui s’est couché sur le papier, naviguant de l’arabe au français. Une expérience à vivre.
Toutes les lectures-rencontres sont gratuites et sur réservation
Maison de la Poésie Villa Beauséjour 47, rue Armand Rébillon 35000 Rennes. Tél. 02 99 51 33 32
Bus 8, arrêt Auberge de Jeunesse. M° Anatole France
La Librairie Greenwich vous recommande Avec Giacometti d’Isaku Yanaihara
(Traduit du japonais par Véronique Perri)
C’est un 1956 que Yanahaira devint l’endurant modèle de Giacometti (un portrait, de face), et ce pour deux cent vingt-huit interminables séances qui s’échelonneront jusqu’en 1961. Et encore, cela aurait pu continuer sans fin tant l’impassibilité, toute relative, de ce visage oriental captivait l’artiste suisse, s’annonçait comme un défi.
Yanahaira est un jeune professeur de philosophie, par ailleurs directeur d’une revue au Japon. Giacometti paraissait particulièrement heureux de pouvoir confronter avec lui ses idées sur l’art, les rapports Orient/Occident, la modernité, etc. Et ils ne s’en privèrent pas tout au long des journées passées à l’atelier, à s’observer mutuellement en quelque sorte.
De là naquit une curieuse et profonde amitié et ce texte qui nous rapporte ce qu’était Giacometti au travail, sa quête épuisante d’absolu : « Un peu plus loin, sans fin. » Car si Giacometti passait par quelques rares moments d’enthousiasme : « Cette fois, je vois tout. », le plus souvent il plongeait dans des phases de profond désespoir. Ainsi cette journée de l’automne 56 qui laissa Giacometti prostré, mais qui éclaire une des premières phrases qu’il dît à son modèle : « Vous me terrorisez. »
Giacometti, c’est l’homme qui marche, l’homme en recherche, l’homme qui ne peut s’arrêter et achever une œuvre sous peine, écrit Yanaihara, de renoncer à toute progression artistique et à une liberté indéfiniment extensible ; quitte à devenir finalement le captif de cette liberté : « Pour avancer davantage il faut démolir tout ce qui est déjà peint. » Ainsi, au grand désappointement de Yanaihara son portrait, en bonne voie en début de séance, pouvait disparaître au fil des heures.
Si le livre fut longtemps interdit, c’est à cause de la liaison qu’entretint Yanaihara avec Annette Giacometti. Giacometti, magnanime, laissa faire en vertu de son respect absolu pour la liberté d’autrui. Et pendant ce temps là, son modèle restait à Paris… Dix-sept ans plus tard, Roland Dumas, l’avocat d’Annette, plaidera une atteinte à la vie privée et empêchera ainsi la publication. Jules mort, Jim devait revenir à la dure réalité.
Enfin, qui tient une grande place dans le livre, il y a le Paris des années cinquante. Ses brasseries, ses bistrots où Giacometti se reposait en parcourant la presse ; le faubourg ouvrier où se situait son atelier ; ses proches : Jean Genet, Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, dont toute la capitale attendait le prochain article sur la situation en Hongrie. Autres temps. Autres mœurs.