M Train de Patti Smith

La librairie Greenwich vous recommande M Train de Patti Smith
(Traduit de l’américain par Nicolas Richard)

M-Train-Patti-SmithLa couverture nous montre une Patti Smith méditative, assise à son poste d’observation. Une journée qui débute comme chaque matin de manière rituelle – café noir, toasts, ramequin d’huile d’olive – dans un minuscule café de Greenwich Village. Un lieu intemporel au cœur de New York et en même temps à l’écart du monde, un refuge romantique comme tous les cafés chers à Patti Smith. Habitudes d’une vie frugale et solitaire d’héroïne de l’Ouest, avec pour seules ruptures les voyages et les heures à visionner avec passion des séries policières.
Car à la différence de Just Kids et l’arrivée de Patti Smith dans le bouillonnement new-yorkais, vécue « avec une joie de gamine », M Train est le livre de la maturité et de l’introspection. Deux livres sur lesquels planent les ombres de deux amours défuntes : Robert Mapplethorpe et Fred Sonic Smith. Installée à sa table de café donc, Patti Smith flotte librement entre passé et présent, entre rêves, curieusement habités par un cow-boy « intensément laconique », et réalité qu’aucune ligne de démarcation précise ne sépare. Une nouvelle journée de réflexion et d’écriture. L’écriture, la littérature, l’art, qui sous-tendent toute sa vie.

Ainsi les voyages, qu’elle effectue pleine d’une dévotion d’adolescente, vers ses autels personnels : de La Caza Azul, maison de Frida Kahlo, au petit cimetière de Larache où repose Jean Genet. Elle en rapporte ici des clichés noir et blanc – son carnet de notes et son appareil Polaroïd ne la quittent pas – qui illustrent son rapport bien particulier aux lieux et aux objets ; peut-être reliés encore d’une manière ou d’une autre aux disparus (une pellicule photographique assez sensible, et ceux-ci apparaîtraient inchangés et bienveillants) : la machine à écrire de Hermann Hesse ; la canne de Virginia Woolf…
Ou encore, son acquisition d’un bungalow séculaire face à l’océan ; elle le baptisera fièrement Alamo pour avoir résisté à l’ouragan Sandy : un autre refuge pour lire, rêver et toujours écrire.

Avec ce M Train, nous visitons : « un monde crée par moi, fragile comme un temple en allumettes. », un temple plein d’une poésie désarmante, avec ses rites, ses reliques, ses saints, et où règne un esprit de liberté et d’indépendance peu commun. Une légère mélancolie aussi, qui tinte doucement, comme une petite clochette en bronze. Comment, dès lors, après deux livres aussi enthousiasmants que Just Kids et M Train, ne pas attendre avec impatience le troisième opus de son autobiographie qui cette fois devrait concerner, dixit Patti Smith, sa carrière musicale.

Éditions Gallimard, 2016, 19,50 €

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